À propos de nous
Recrutée en septembre 1991, j’ai occupé les postes d’ASCT à l’ECT de Paris Nord et à Limoges. En 2005, l’examen de TGM me promeut. J’ai occupé les postes de gestionnaire des engins à SNCF Mobilité et de Programmeuse ADC INFRA à SNCF Réseau. Promue cadre en 2016, j’ai pris mes fonctions de DPX de Mesure de la géométrie de la voie jusqu’en 2018 à l’Infralog National (Caen).
Dénoncer le harcèlement moral et/ou sexuel est un acte courageux. Les victimes sont affaiblies et désorientées par les violences psychologiques endurées sur du long terme. Souvent seules, pointées du doigt, instrumentalisées et isolées du groupe socioprofessionnel auxquelles elles appartiennent, elles sont rendues responsable de la situation toxique qu’elles vivent. Le regard porté sur leurs conditions est extrêmement négatif et génère très souvent indifférence et mépris à leur égard.
Le « mieux vivre et travailler ensemble » commence par réinstaurer des règles de savoirs vivre basées sur le respect de l’humain et de sa protection. Les victimes n’ont pas à subir la triple peine de la dégradation de leur santé, de leurs conditions de travail et d’une « pseudo » mobilité pour soi-disant les protéger.
Confortés ainsi dans leurs manœuvres malsaines, les auteurs des faits de harcèlement moral et/ou sexuel, intensifient leurs pratiques au sein de leurs services ; une victime écartée laissant la place à une autre.
Juriste de formation, j’ai, préalablement à mon embauche à la SNCF, travaillé en cabinet d’avocats et en entreprise industrielle. Je n’ai jamais été confrontée au harcèlement, qu’il soit moral ou sexuel.
J’ai été recrutée à la DJG en juin 1998 et ai passé 6 ans à l’Infrastructure à la DGDI. Le harcèlement sexuel est malheureusement un phénomène très répandu au sein du groupe public unifié. Cela tient au fait qu’à l’origine, la SNCF était une entreprise militaire qui n’employait que des hommes.
En 2021, il y a 23 % de femmes dans les effectifs. L’objectif du groupe est d’atteindre 30 % en 2030. Si cette ouverture aux candidatures féminines est louable, il faudrait un changement de mentalités des hommes et/ou une formation sur le harcèlement sexuel : toutes les femmes ne sont pas en mesure de supporter un harcèlement sexuel qui est, à la base, une violence.
Nous nous sommes rencontrées en septembre 2021 et avons échangé sur notre vécu en matière de harcèlements moral et sexuel subi et infligé au sein de nos entreprises. Nous appartenons à deux SA différentes du Groupe Public Unifié mais les pratiques en matière de harcèlement sont les mêmes quelles que soient les entités du groupe.
Christine a pendant six ans formé plusieurs centaines d’élus et des militants au sein d’une organisation syndicale notamment en matière de RPS en général et de harcèlement en particulier. Lors de ces formations basées sur les échanges avec les stagiaires, la parole s’est parfois libérée et Christine a pris conscience de l’ampleur du harcèlement moral et du harcèlement sexuel au sein de l'entreprise.
Lorsque nous nous sommes rencontrées, Valeria a parlé de son projet de créer une association interne dans l'entreprise pour aider les collègues en difficulté : nous nous sommes aperçues que bien souvent les victimes déjà fragilisées ne savent pas toujours vers qui se tourner ni comment agir. Notre rencontre a ainsi permis à Valeria de concrétiser son projet d’association.
L’association, mise en place au sein de l'entreprise, est un espace qui a pour objet :
- de promouvoir et d’apporter un accompagnement et une aide aux victimes de harcèlement moral ou sexuel (ainsi qu’aux personnes accusées de harcèlement à tort) et de violences psychologiques et/ou physiques au sein de l'entreprise, quel que soit leur statut (agents du Cadre Permanent, contractuels, CDI, CDD, stagiaires, alternants, salariés travaillant pour des prestataires extérieurs, agents/salariés à la retraite).
- de permettre aux victimes de toutes formes de harcèlement de bénéficier d’un cadre bienveillant et sans jugement dans lequel elles pourront rompre le silence, sortir de leur isolement et bénéficier d’un encadrement et d’un accompagnement adapté à leur situation et à leur besoin.
Pour atteindre au mieux son objectif, l’association se propose de :
- Promouvoir, au sein de l'entreprise, le respect des droits et de la dignité de tous les salariés, quel que soit leur statut ;
- Lutter contre l’isolement des victimes de harcèlement, conséquence directe de la dénonciation de la situation de harcèlement.
- Lutter contre l’exclusion et la discrimination, provoquant une détérioration de la santé physique, mentale et morale.
- Soutenir et accompagner les personnes à travers une écoute bienveillante et une compréhension de la situation.
- Orienter les victimes vers les bons interlocuteurs en interne ferroviaire ou en externe.
- Aider les personnes à se reconstruire professionnellement et à s’épanouir à nouveau (confiance en soi).
- L’ensemble de ces objectifs engage les membres de « Stop Harcèlement Ferroviaire ».
- À faire preuve de la plus grande discrétion et confidentialité concernant les personnes et s’engage dans une attitude responsable de non-jugement, basée sur le respect d’autrui.
L’association propose des orientations, en fonction des besoins et des attentes des victimes de harcèlement, vers le personnel de santé (médecine du travail, médecine de soin, médecin généraliste, psychologue, psychiatre, nutritionniste, etc.), l’aide syndicale (référents harcèlement désignés au sein des CSE), le soutien et conseil juridique. Elle veille au bon déroulement de la reprise de l’activité et/ou de la réorientation professionnelle.
Elle propose également des moments d’échanges et de convivialité entre ses membres : organisation de soirées et d’animations festives qui sont autant de moments privilégiés, d’accueil, de rencontre, de dialogue et d’échange.
Son action vise à rechercher, avec la personne se percevant victime de harcèlement, de la meilleure manière, dans le fond et dans la forme, de faire respecter ses droits, de faire cesser la situation dégradante ou d’agir en justice si aucune solution n’est trouvée dans son entreprise.
Ses moyens d’action sont notamment :
- La mise en œuvre de tous moyens d’alerte, de contact et d’échange avec les victimes, mêmes potentielles, et ayant-droits ;
- La tenue de réunions de travail, l’organisation de réunions/colloques, de groupes de parole…
- L’analyse et l’étude des dossiers ainsi que leur suivi ;
- L’information sur les droits (fonctionnement de l’institution judiciaire, procédures…) ;
- Le retour d’expérience à l’attention des organisations syndicales en vue d’optimiser la prévention et le respect des salariés de l'entreprise ;
- Le retour d’expérience vers son entreprise.
« Stop Harcèlement Ferroviaire » propose également aux membres de l’association une aide dans les domaines suivants :
- Solidarité: recréer du lien social au sein de l'entreprise et proposer une aide juridique et sociale.
- Bienveillance : être à l’écoute de chaque collègue qui en a besoin, sans aucun jugement.
- Aider la prise et la libération de la parole à travers des groupes d’échanges (partager le vécu et lutter contre l’image dégradée de soi par le soutien du groupe).
- Sensibiliser les victimes sur le mécanisme des différentes formes de harcèlement et pourquoi elles en sont la cible.